Deuil Périnatal: Trouver la Douceur dans l’Indicible

Lorsque l’impensable frappe, comment trouver les mots pour un chagrin que l’on voudrait inaudible ? Morane Terlier, à travers son livre poignant « Les mots deviendront doux », ose briser le silence autour du deuil périnatal, offrant un chemin de résilience inattendu.

Le Silence Brisé: Naissance d’une Écriture Vitale

Morane Terlier a vécu la perte dévastatrice de son bébé à six mois de grossesse. Face à ce traumatisme abyssal, elle a ressenti un besoin vital de consigner ses pensées, ses questionnements et les bouleversements intérieurs qui l’ont habitée. L’écriture, alors, est devenue un sanctuaire, un moyen de se souvenir de cet enfant disparu et de créer les rares souvenirs qui lui manquaient cruellement. Ces écrits, initialement intimes et non destinés à la publication, sont restés cachés pendant des années, précieux et personnels.

Du Tiroir à la Lumière: Révéler un Tabou

Pourtant, une conviction profonde a émergé : l’envie de remercier les soignants et toutes les personnes qui l’avaient entourée durant cette épreuve. En reprenant ses carnets, Morane a progressivement réalisé qu’elle s’apprêtait à éclairer un sujet encore trop souvent tabou, que ce soit en Belgique ou en France. Loin d’être une simple narration, l’acte d’écrire s’est transformé en un véritable travail sur soi, une démarche presque thérapeutique. L’ouvrage est le fruit d’une « thérapie par le livre », un processus de guérison par les mots.

Une Histoire Partagée: L’Écho des Âmes

Le projet a évolué, passant d’un blog à l’idée audacieuse d’un livre. Morane a découvert que son témoignage résonnait profondément chez de nombreuses personnes, leur offrant une forme d’écho et de réconfort. Le livre ne prétend pas faire revivre la douleur, mais agit comme un « tampon » émotionnel, absorbant une partie de la confrontation et offrant un puissant message d’espoir. N’est-ce pas là la force d’un récit authentique ? En effet, l’auteure a délibérément laissé une place importante au lecteur, l’invitant à tisser sa propre histoire entre les lignes. Ce choix explique sans doute pourquoi tant de lecteurs se sentent connectés et se reconnaissent dans son parcours.

L’Autoédition: Garder l’Intégrité d’un Récit Vrai

Face aux suggestions des maisons d’édition, notamment celle de développer davantage le point de vue de son compagnon, Malic, Morane a fait un choix décisif. Elle a refusé de « dénaturer le propos » de son livre, estimant qu’un traumatisme est une expérience profondément personnelle où l’on est « complètement centré sur ce qui se passe en nous ». Ainsi, l’autoédition s’est imposée comme la voie pour préserver l’intégrité de son projet et collaborer avec l’illustratrice de son choix. Malic, bien que non-lecteur, a joué un rôle essentiel, relisant chaque chapitre et encourageant Morane à creuser toujours plus profond dans l’expression de son vécu. Ce soutien mutuel a fortifié un projet déjà personnel.

Le Deuil « À Deux Vitesses »: Transformer la Douleur

Aujourd’hui, Morane affirme aller bien, ayant créé une « bulle » protectrice autour de son histoire la plus intime. Le partage de son vécu, bien que le sien, est devenu une histoire pour « les autres ». Pourtant, elle reconnaît que le deuil ne se fait pas toujours à la même vitesse au sein d’un couple, pouvant engendrer de la colère. Elle perçoit désormais une plus grande distance émotionnelle que Malic face aux retours des lecteurs, mais tous deux vivent ces partages intensément, acceptant les larmes comme une libération. En effet, l’écriture a été une traversée plus douce vers la reconstruction.

La question demeure : comment continuer à avancer, à trouver la douceur, même après l’indicible ? Morane Terlier nous invite à réfléchir à une idée simple mais puissante : et s’il y avait beaucoup d’amour dans le deuil périnatal ?

Lien partenaire Amazon – la commission soutient financièrement LaBoîte.