
Apnée : Le thriller abyssal de Sonja Delzongle où le silence devient vertige
Dans Apnée, Sonja Delzongle nous entraîne dans les abysses du Blue Hole, là où les corps se perdent et les secrets ne remontent jamais. Un thriller obsédant, inspiré de faits réels, qui explore la frontière entre maîtrise de soi et disparition totale. Ainsi, respirez un bon coup avant d’ouvrir la première page.
Il y a des livres qu’on lit en gardant les pieds sur terre, et puis il y a Apnée. Un roman qui vous aspire dans les profondeurs dès la première page, vous serre la poitrine, vous suspend entre deux eaux… et ne vous lâche plus.
Un décor fascinant et terrifiant
Nous sommes à Dahab, en Égypte, sur le mythique Blue Hole, ce trou marin aussi fascinant que redouté, tristement surnommé le “cimetière des plongeurs”. C’est ici que Lucas, apnéiste chevronné, s’apprête à relever un défi insensé : franchir une arche naturelle à plus de cinquante mètres de profondeur, sans assistance respiratoire. Une prouesse physique et mentale, mais aussi une manière d’exorciser une histoire familiale ravagée : un père mort dans ce même gouffre, une mère clouée à un fauteuil, poumons brisés par un accident de plongée.
Tout est en place. Sa compagne, Claire, championne du monde, est là. Sa mère aussi. Son entraîneur Amir, malheureusement, ne peut le suivre au dernier moment. Alors, Lucas s’élance. Le corps se contracte, l’esprit se tend. Et soudain… plus rien. Il disparaît. Pas de remontée. Pas de corps. Juste un silence étouffant, et un mystère aussi insondable que les abysses qu’il a voulu dompter.
Une disparition inspirée du réel
Sonja Delzongle s’est partiellement inspirée d’un drame réel : la disparition en mer de Natalia Molchanova, légende russe de l’apnée, dont le corps n’a jamais été retrouvé. En effet, cette tragédie soulève une angoisse puissante pour l’autrice. Car la disparition — sans explication, sans deuil possible — laisse un vide plus glaçant qu’un crime. Par conséquent, elle est la blessure ouverte du thriller.
Une écriture en apnée
Fascinée par le mental hors norme des sportifs de l’extrême, Sonja Delzongle ne pratique pas elle-même l’apnée, mais elle écrit comme on plonge : intensément, sans filet. Elle confie avoir “arrêté de respirer en même temps que certains de [ses] personnages”, pour en traduire les sensations. Cela se ressent à chaque page. L’écriture est organique, presque physique. Ainsi, le lecteur vit la pression, la perte de repères, l’étrange paix que l’on dit ressentir juste avant la noyade.
Au-delà du polar : un roman sur les limites
Apnée n’est pas qu’un polar autour d’une disparition. C’est aussi un roman sur les limites du corps, la mémoire traumatique, la frontière ténue entre maîtrise et abandon. Un texte où chaque silence est chargé de tension, et chaque mouvement compte. Où l’eau devient personnage, et l’oxygène une obsession. Dès lors, le récit interroge nos propres seuils de résistance.
Une porte d’entrée vers l’univers Delzongle
Et si vous n’avez jamais lu Sonja Delzongle, ce roman peut être une excellente porte d’entrée dans son univers. En effet, il n’est pas nécessaire d’avoir lu ses titres précédents : Apnée se lit de façon autonome, comme une expérience sensorielle à part entière.
Une dernière question suspendue
Et si le vrai vertige n’était pas celui des grandes profondeurs, mais celui de ce qui reste sans réponse ?
Avec Apnée, Sonja Delzongle ne vous coupe pas le souffle — elle vous le suspend, jusqu’à la dernière page.