L’Éveil Philosophique : Quand la Réalité Se Fracture
L’Éveil Philosophique déchire souvent le voile des certitudes, nous laissant face à l’inconnu. Jérémie Morançon nous invite précisément dans cette faille avec son œuvre inclassable, L’éveil du philalèthe. Mais que se passe-t-il lorsque l’humanité entière doit faire face à une existence sans origine ni référentiel moral ?
L’obsession d’une vérité cachée
Le cœur de ce roman bat au rythme d’une quête incessante : celle de l’origine et de la vérité. Morançon explique qu’il cherchait un terme pour désigner l’ami de la vérité, et le mot «philalèthe» est alors apparu. Cette sonorité plaisante et cette étymologie précise ont rendu le choix évident, donnant ainsi son titre au récit. Le symbole sur la couverture reflète parfaitement cette idée en englobant dans un seul dessin une multiplicité d’univers et de sens (alchimiques, monothéistes, géométriques).
Révélation : Vingt ans pour trouver la Forme Parfaite
Ce projet a hanté l’auteur pendant près de deux décennies, avec des premiers écrits datant de 1999 et un plan finalisé dès 2004. L’excuse de ne pas trouver la « bonne forme » est devenue, avoue-t-il, la plus belle excuse de procrastination. Cependant, le confinement de 2020, cumulé à diverses circonstances, a agi comme un refuge, le poussant à achever ce monument. Il a trouvé la clé narrative grâce à une relecture inattendue de Dracula de Bram Stoker. Finalement, le format épistolaire lui a permis de garder les secrets cachés en plaçant le lecteur exclusivement dans la conscience des protagonistes et dans leur vérité personnelle.
L’Humanité Sans Référentiel
Imaginez donc un lot d’êtres humains qui ignorent leur propre nature et qui évoluent sans construction éthique, morale ou sociale de référence. Le roman explore ainsi l’ambivalence fondamentale de notre condition : est-ce la société qui nous crée, ou est-ce notre nature qui façonne la société ? L’humain se distingue de l’animal déterminé, car il s’interroge constamment sur le bien et le mal, une réflexion qui peut nous rendre autant merveilleux que coupables. Ces personnages, bien que dotés de notre degré de développement mental, n’ont pas d’histoire d’origine à laquelle se raccrocher.
L’Art, Détonateur du Chaos
L’art et la culture jouent un rôle central et paradoxal dans cet univers. Morançon intègre le concept de « misomuse » de Kundera, décrivant la haine envers l’art par ceux qui lui reprochent son absence d’utilité immédiate. Dans l’histoire, l’art (notamment l’opéra) devient un détonateur parce qu’il permet à certains de réfléchir, bouleversant ainsi le système trop carré de leur monde. L’auteur souhaitait transférer cette possibilité d’inventer l’impossible et de créer un espace de réflexion libre, même si cela engendrait une contradiction essentielle avec le message qu’il voulait véhiculer. C’est en étant dans la tête des gens que l’auteur pouvait travailler les aspects humains de leur question existentielle et leur quête de vérité personnelle.
Vers l’Absurdité de l’Existence
Ce roman de 800 pages s’assume comme une réflexion philosophique, inspirée par la musique et la possibilité qu’une infinité de questions ouvrent toujours de nouvelles interrogations. Le genre de la science-fiction n’est d’ailleurs qu’un prétexte, car le récit reste très terre à terre, se concentrant sur les questions existentielles humaines. L’éveil du philalèthe n’apporte pas de réponses définitives, mais il pousse le lecteur à s’interroger sur ce que signifie réellement « sauver l’humanité » en questionnant les critères de valeur entre un théorème de Pythagore et un ouvrage sacré.
Alors, après cet Éveil Philosophique, quelle mémoire de l’humanité devrions-nous sauver ?
3 raisons (parmi d’autres) de lire L’éveil du philalèthe
- Format Épistolaire – Plongez dans la conscience intime et secrète des héros.
- Ovni Littéraire – Quête existentielle du philalèthe, inclassable; aucun ventre mou.
- Réflexion sur l’existence – L’humanité cherche son origine, sans cadre moral ni histoire.
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